Sous la plume monumentale d’Erikson, « Le Livre des Martyrs: Les Jardins de la Lune » se déploie en une épopée fantastique, une aventure ensorcelante qui vous happe de la première à la dernière page.
La série « Le Livre des martyrs » de Malazan s’érige comme une forteresse complexe et dense au cœur de la fantasy, une réputation qui la précède et qui, avouons-le, n’est pas usurpée. Peut-être la série la plus cérébrale de toutes, ou du moins, c’est ainsi qu’elle aime être perçue.
“Il ne sert à rien de commencer quelque chose sans nourrir une certaine ambition.”
Sommaire : 1. Synopsis de « Le Livre des Martyrs : Les Jardins de la Lune » T.1 de Steven Erikson 2. Les Jardins de la Lune : Voyage dans l’Univers Épique du Livre des Martyrs 3. « Le Livre des Martyrs: Les Jardins de la Lune » – Jeu de Pouvoir et Tension Narrative 4. La Danse Mitigée de l’Action dans ‘Le Livre des Martyrs: Les Jardins de la Lune 5. Notre Point de Vue de Lecteur sur « Le Livre des Martyrs : Les Jardins de la Lune » T.1 de Steven Erikson
L’Empire malazéen se trouve en pleine agitation, rongé par un mécontentement persistant, épuisé par une guerre interminable, des conflits intestinaux acharnés et des affrontements sanglants avec le redoutable Anomander Rake et ses Tiste Andii, d’anciens sorciers implacables. Même les légions impériales, depuis longtemps habituées à la violence, aspirent à un répit bien mérité. Malgré cela, le règne absolu de l’Impératrice Laseen perdure, maintenu par ses redoutables assassins, les Griffe.
Pour le sergent Whiskeyjack et son escouade des Bridgeburners, ainsi que pour Tattersail, mage survivante de la Deuxième Légion, les séquelles du siège de Pale auraient dû être un moment de deuil pour les nombreuses vies perdues. Cependant, Darujhistan, la dernière des Cités libres de Genabackis, résiste toujours. C’est vers cette ancienne citadelle que Laseen dirige son regard prédateur.
Pourtant, il semble que l’Empire ne soit pas seul dans ce grand jeu. Des forces sinistres liées aux ombres se rassemblent alors que les dieux eux-mêmes s’apprêtent à jouer leur carte…
« Le Livre des Martyrs: Les Jardins de la Lune » n’est pas simplement un livre de fantasy adultes, c’est un univers en expansion constante. Il puise son inspiration dans les séances de jeux de rôle de Dungeons & Dragons partagées par les maîtres du récit, Erikson et Ian Esselmont, pendant leurs années estudiantines. Une multitude de races, de dieux, d’Ascendants et de leurs Maisons, de nations, de villes et de magies diverses convergent dans une construction de monde qui défie toute comparaison.
« Le Livre des Martyrs: Les Jardins de la Lune » se démarque par son penchant marqué pour l’intrigue. Complexité et densité ne riment pas forcément avec lenteur, bien au contraire. Le livre, tel un danseur agile, jongle avec les fils narratifs, qu’ils soient politiques ou généraux. Les dieux, d’humeur aussi changeante que la météo printanière, s’immiscent directement dans les affaires des mortels. Un jeu de pouvoir où les enjeux sont aussi élevés que le sommet de la Montagne du Destin. Les dieux se révèlent, à bien des égards, plus capricieux et vicieux que les humains, esclaves de leur nature égotiste. Un rappel malicieux des mythologies grecques, où divinités et mortels rivalisent d’égocentrisme. Qui sera choyé par un dieu, et qui sera l’objet de sa vindicte ? Les paris sont ouverts, et les enjeux n’ont jamais été aussi palpitants. Les relations entre humains et autres races ajoutent une dimension cruciale à cette saga en constante effervescence.
Terminons sur une note d’action. Si le livre n’est pas débordant d’affrontements épiques sur ses presque 700 pages, l’action qui s’y déroule est comme un feu d’artifice rare mais éclatant. Les combats rapprochés sont décrits avec une intensité qui captive l’imagination. Cependant, lorsque les puissances supérieures s’invitent à la fête, la ferveur retombe. Les descriptions deviennent floues, les scènes éclairs. Une occasion manquée de donner vie à des batailles divines mémorables, un peu comme si les dieux avaient décidé de jouer les invisibles au moment crucial.
Erikson, jongleur habile, parvient toutefois à intriguer malgré la contrainte temporelle. Kruppe, Whiskeyjack, Sorry et Paran émergent comme des favoris, des éclats de lumière dans cette constellation complexe. D’autres figures notables, telles que Quick Ben, Anomander Rake, Crône, l’Adjoint Lorn, Kalam, Cotillion (La Corde), Ammanas et Crokus, colorent ce tableau foisonnant.
Malgré les hauts et les bas, la lecture du livre de Dark Fantasy « Le Livre des Martyrs: Les Jardins de la Lune » est une odyssée dont on ne ressort pas indemne. Un voyage qui réclame patience et confiance envers Erikson, le maître des tours de passe-passe narratifs. La suite promet, dit-on, de surpasser cette introduction déjà grandiose. Les dés sont jetés, les cartes en main. Que les jardins cosmiques continuent de fleurir sous la plume de l’architecte de l’étrange, Steven Erikson !