Après une décennie de discrète exploration des recoins obscurs de la bande dessinée, l’artiste CROM nous a livré en septembre 2022 le Chef d’œuvre Birdking qui comprend maintenant 2 volumes sortis tout droit de Dark Horse Comics.
Certains pourraient penser que qualifier cette BD de darkfantasy comme une « nouvelle étape majeure dans l’évolution continue de l’artiste » relève du superlatif excessif. Si vous êtes anglophobe, car aucune traduction française de l’œuvre à l’heure actuelle, restez quand même avec nous ne serait-ce que pour profiter de l’art graphique de cette BD.
“Dans Birdking CROM façonne un monde en encre et en mystère. Une danse artistique où l’aventure s’épanouit sous le trait de son génie.”
Sommaire : 1. L’Intrigue de la BD Birdking T.1 2. BD Birdking : Des Clichés Utilisés Dans Un Subtil Équilibre Narratif 3. CROM en Pleine Lumière : Birdking, une Odyssée Visuelle où l’Art Devient Protagoniste 4. Notre Avis Final sur la BD Birdking T.1
Aux côtés de Daniel Freedman, qui partagea déjà la plume avec lui sur la formidable BD Raiders, CROM nous invite dans une saga épique qui exploite sans vergogne ses talents établis dans le fantastique. Et ne nous y trompons pas, CROM est dans son élément.
L’intrigue de Birdking suit la voie éculée de la quête héroïque, avec Bianca, l’apprentie du forgeron Thonir, qui reste en arrière alors que ses potes partent à la guerre. Rien de nouveau sous le soleil, non? Eh bien, attendez, c’est là que ça devient croustillant. Thonir doit réparer une arme magique cassée, offrant à Bianca son billet pour un monde au-delà de son bled. Mais, accrochez-vous bien, les choses déraillent lorsque le duo se frotte aux sbires d’Aghul, le big boss du coin. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que débarque le roi précédent, le Birdking, mort depuis belle lurette mais toujours d’humeur à faire son comeback.
Birdking dégaine tous les clichés de l’aventure fantastique – épées ensorcelées, héritages inachevés, royaumes en guerre, artefacts mystiques – dans un premier chapitre qui jongle habilement entre la construction du monde et le développement des personnages. Freedman, en maestro, évite l’écueil de l’exposition excessive en nous offrant des miettes savamment dosées sur le royaume en toile de fond, le tout agrémenté de citations historiques en guise d’assaisonnement littéraire.
Cependant, soyons francs, la vraie star ici, c’est l’art à couper le souffle de CROM. Birdking lui donne carte blanche pour exprimer tout son génie visuel, avec une galerie de personnages bien fichus, en particulier le fameux Birdking, et des décors variés qui en mettent plein la vue. Freedman, par moments, se fait rare, laissant CROM nous régaler de séquences purement illustratives qui permettent au lecteur de plonger dans ce monde avec un regard instinctif plutôt qu’analytique.
Alors, vous pourriez dire que ce premier tome laisse autant de questions sans réponse qu’un politicien en campagne électorale, mais il a tout de même de sérieux atouts pour maintenir l’anticipation en ébullition pour le volume suivant. Si vous êtes amateur du genre, ne vous attendez peut-être pas à une révolution narrative, mais préparez-vous à savourer une bande dessinée d’évasion solide. Et franchement, l’art de CROM à lui seul justifie le prix d’entrée, et même le double, si vous voulez notre avis malicieux.